« Inside the 100 Foot Piano » d’An-Ting Chung - précisions de Patrick Ascione
Suite à la publication le jeudi 6 décembre 2007 sur le site de l’article concernant l’installation sonore de l’artiste An-Ting Chung, nous avons reçu le commentaire suivant du compositeur Patrick Ascione, commentaire que nous portons à votre attention :
« Cet essai n'est pas nouveau dans son principe : en 1989, lors d'une séance de présentation de mes essais de travaux et de diffusion de pièces électroacoustiques sur 16 pistes réelles fixées sur support, j’ai présenté dans la salle de spectacle MacNab de Vierzon (France), en guise de démonstration de mon principe de polyphonie spatiale et en prélude à un concert en multipiste, un extrait de quelques minutes des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach au piano.
Il s’agissait alors d’un enregistrement que j’avais réalisé avec un clavier MIDI à partir d’un échantillonneur AKAI S1000 (8 canaux de sortie) reportées sur les 16 pistes d’un magnétophone analogique TEAC ! De la même manière, chaque note du piano était affectée à un seul haut-parleur dans la salle, les hauts parleurs étant disposés autour du public. Ce qui en avait résulté était la constatation que la musique de Bach dans cette circonstance et la perception de la pièce au piano en avaient été très sérieusement affectées. Au point qu’il devenait presque impossible de reconnaître cette variation à cause de la diffraction (éclatement) dans l’espace de l’unité mélodique et harmonique de la musique... L’oreille et le cerveau ne sachant plus quoi écouter, tant les sources étaient de provenances différentes, et aussi tellement la fluidité mélodique était perturbée ! Cette démonstration avait montré justement que pour que l’intelligibilité d’un discours musical soit épargnée, il fallait véritablement que l’œuvre soit composée pour ce type de projection et en fonction des "aberrations" spatiales du son... Pour l’occasion, François Bayle et Daniel Teruggi avaient été invités à cette expérimentation... »
Merci à Patrick Ascione pour ces précisions, qui sont d’autant plus intéressantes qu’il s’agit de la même pièce de musique - les Variations Goldberg - et que la technologie mise en œuvre est comparable.
Ce qui est, à mon avis, entièrement nouveau dans la démarche d’An-Ting Chung, c’est le fait d’utiliser pour son expérimentation sonore, non pas un simple enregistrement MIDI de la pièce, mais un fichier plus détaillé, qui comporte beaucoup plus de paramètres d’exécution que la norme MIDI - par exemple, en MIDI, l'utilisation de la pédale de prolongation ne transmet que deux paramètres, "ON" ou "OFF", contre 256 niveaux d'utilisation de cette pédale dans le protocole utilisé ici - fichier qui a, de surcroît, été réalisé à partir des paramètres d’exécution de la pièce par un pianiste à la fois célèbre et décédé, Glenn Gould en l’occurrence, cette installation sonore se voulant autant un hommage à Gould et à Bach, qu’une expérimentation sur la spatialisation sonore.
Reste qu’en ce qui concerne la valeur musicale et acoustique de l’expérience, seule l’écoute permettra évidemment d’en juger...
A ce propos, si un des lecteurs de ces colonnes assiste à la présentation de l’installation sonore de Mme Chung ou connaît quelqu’un qui a l’intention d’y assister ce jeudi 13 ou ce vendredi 14 décembre 2007 à New-York, nous serions heureux de pouvoir recueillir ses impressions au sujet de cette performance ; merci de nous écrire via le lien « Contact », situé tout en bas de ce site.
Vinciane Baudoux
« Cet essai n'est pas nouveau dans son principe : en 1989, lors d'une séance de présentation de mes essais de travaux et de diffusion de pièces électroacoustiques sur 16 pistes réelles fixées sur support, j’ai présenté dans la salle de spectacle MacNab de Vierzon (France), en guise de démonstration de mon principe de polyphonie spatiale et en prélude à un concert en multipiste, un extrait de quelques minutes des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach au piano.
Il s’agissait alors d’un enregistrement que j’avais réalisé avec un clavier MIDI à partir d’un échantillonneur AKAI S1000 (8 canaux de sortie) reportées sur les 16 pistes d’un magnétophone analogique TEAC ! De la même manière, chaque note du piano était affectée à un seul haut-parleur dans la salle, les hauts parleurs étant disposés autour du public. Ce qui en avait résulté était la constatation que la musique de Bach dans cette circonstance et la perception de la pièce au piano en avaient été très sérieusement affectées. Au point qu’il devenait presque impossible de reconnaître cette variation à cause de la diffraction (éclatement) dans l’espace de l’unité mélodique et harmonique de la musique... L’oreille et le cerveau ne sachant plus quoi écouter, tant les sources étaient de provenances différentes, et aussi tellement la fluidité mélodique était perturbée ! Cette démonstration avait montré justement que pour que l’intelligibilité d’un discours musical soit épargnée, il fallait véritablement que l’œuvre soit composée pour ce type de projection et en fonction des "aberrations" spatiales du son... Pour l’occasion, François Bayle et Daniel Teruggi avaient été invités à cette expérimentation... »
Merci à Patrick Ascione pour ces précisions, qui sont d’autant plus intéressantes qu’il s’agit de la même pièce de musique - les Variations Goldberg - et que la technologie mise en œuvre est comparable.
Ce qui est, à mon avis, entièrement nouveau dans la démarche d’An-Ting Chung, c’est le fait d’utiliser pour son expérimentation sonore, non pas un simple enregistrement MIDI de la pièce, mais un fichier plus détaillé, qui comporte beaucoup plus de paramètres d’exécution que la norme MIDI - par exemple, en MIDI, l'utilisation de la pédale de prolongation ne transmet que deux paramètres, "ON" ou "OFF", contre 256 niveaux d'utilisation de cette pédale dans le protocole utilisé ici - fichier qui a, de surcroît, été réalisé à partir des paramètres d’exécution de la pièce par un pianiste à la fois célèbre et décédé, Glenn Gould en l’occurrence, cette installation sonore se voulant autant un hommage à Gould et à Bach, qu’une expérimentation sur la spatialisation sonore.
Reste qu’en ce qui concerne la valeur musicale et acoustique de l’expérience, seule l’écoute permettra évidemment d’en juger...
A ce propos, si un des lecteurs de ces colonnes assiste à la présentation de l’installation sonore de Mme Chung ou connaît quelqu’un qui a l’intention d’y assister ce jeudi 13 ou ce vendredi 14 décembre 2007 à New-York, nous serions heureux de pouvoir recueillir ses impressions au sujet de cette performance ; merci de nous écrire via le lien « Contact », situé tout en bas de ce site.
Vinciane Baudoux
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