EMI annonce la suppression de 2.000 emplois
Cette réduction substantielle d’effectifs, qui constitue bien entendu un coup dur pour les employés du groupe, est par ailleurs symptomatique des difficultés que connaissent actuellement les producteurs de disques - majors et producteurs indépendants - à se repositionner dans un marché atteint de plein fouet par la vague de la musique dématérialisée, entre autres vis sa diffusion sur Internt.
Quand elle a été rachetée par Terra Firma, EMI était déjà en mauvaise posture, et fortement endettée ; cette situation ne s’est pas améliorée l’année dernière, puisqu’en 2007, les pertes du groupe ont atteint 378 millions d’euros.
Par ailleurs, la major ne représente plus que 9 % du marché du disque britannique - une situation difficile à vivre pour une compagnie qui avait en son temps signé des artistes aussi prestigieux qu’Iron Maiden, les Beach Boys, les Beatles, les Pink Floyd, Alain Souchon, les Rolling Stones, et plus récemment Norah Jones ou le violoniste Nigel Kennedy.
Devant les cadres de l’entreprise, Guy Hands (photo) n’a pas mâché ses mots. S’il a certes l’intention d’injecter 260 millions d’euros supplémentaires dans le groupe en déclin, il accuse l’industrie du disque d’avoir enfoui le processus créatif sous la bureaucratie. Ainsi, il appert que seuls 6 % du personnel d’EMI serait directement affecté à la production musicale !
Par ailleurs, sur les quelque 14.000 artistes du gigantesque catalogue, seuls 200 rapporteraient des bénéfices importants à l’entreprise, et plus de 85 % de ces 14.000 artistes feraient même perdre de l’argent au groupe !
Pour redresser la situation, M. Hands propose de réduire drastiquement les dépenses marketing de promotion, ainsi que les avances consenties aux artistes, qu’il estime économiquement illogiques. Par contre, les dépenses consenties à la recherche de nouveaux talents seraient, elles, augmentées. M. Hands se propose également de mieux gérer le fonds d’album déjà disponibles.
Par ailleurs, il sera fait appel à de nouvelles sources de revenus, comme les financements privés (« sponsoring »).
Mais ce plan très martial n’a pas l’heur de plaire à tout le monde… Certains artistes sous contrat EMI ont déjà exprimé leur colère, et pourraient même quitter le groupe, comme Radiohead l’a fait l’an dernier. Robbie Williams a ainsi fait savoir via son agent Tim Clarke qu’il ne livrera pas son prochain album à EMI. Selon la presse anglaise, le groupe Coldplay n’aurait pas non plus l’intention de confier l’édition de son prochain opus à la major.
Cette hémorragie d’artistes chez EMI pourrait bien mettre en péril le plan financier de M. Hands : en effet, à quoi bon tenter de redresser la barre d’une maison disques en déclin si les grands noms quittent le navire ?
EMI n’est d’ailleurs pas la seule victime de cette « fuite » des artistes ; ainsi, Madonna s’est récemment séparée de Warner, 4e compagnie mondiale du disque.
Avant d’accepter son rachat par Terra Firma, EMI avait d’ailleurs envisagé de fusionner avec Warner, mais cela ne s’était pas fait…
Vinciane Baudoux
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