Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Cahiers de l'ACME

“LOVE” / The Beatles: CD et DVD !

31 Décembre 2006, 17:42pm

Publié par Paul Snaps

Etait-il bien nécessaire de vouloir ressusciter le temps d’un album les quatre célébrités de Liverpool ?

 

Si certains fanatiques n’ont pas manqué de crier au scandale, il n’est peut-être quand même pas inutile de penser à inclure ce – nouvel ? - opus dans la discothèque idéale du « parfait » petit ingénieur du son-musicien-compositeur.
Voyez plutôt…

 

 

 

Jusqu’à présent, lorsque nous vous avons parlé des célèbres studios d’Abbey Road, c’était pour vous entretenir des diverses réintroductions des mythiques appareillages qui les équipaient il y a près d’un demi-siècle, plutôt que des célèbres hôtes qu’ils ont vu défiler.  Bien évidemment, parmi tous ceux-ci, les Beatles occupent indéniablement la place d’honneur et ceci depuis plus de quarante ans.  Force nous est cependant de reconnaître que ces quatre garçons ont indiscutablement marqué leur époque et que cela continue encore aujourd’hui tant ils étaient innovants.  Au delà des modes, outre le célèbre tandem de chanteurs-compositeurs Lennon et McCartney (sans oublier George Harrison), dont de très nombreuses chansons ont été reprises par les plus grandes vedettes du box office, nous ne pouvons pas non plus ignorer le travail de création sonore réalisé en studio par cette joyeuse équipe, cela sous la houlette de leur producteur George Martin qui a d’ailleurs aussi abondamment collaboré à la construction de leurs morceaux, ainsi qu’à l’écriture de leurs arrangements.  En effet, la sortie, en juin 1967, de l’album « Sgt. Pepper’s Lonely Harts Club Band » - une première mondiale: neuf mois de travail en studio sur magnétophones quatre pistes - marque assurément le début d’une nouvelle manière de travailler le son en studio, ceci depuis la prise jusqu’au mixage…

Si, depuis leur séparation en 1970, de nombreuses remasterisations, compilations et autres rééditions sur CD ont vu le jour, celles-ci demeurent, à notre avis, autant d’événements essentiellement réservés aux aficionados du groupe.  Aussi, la sortie, il y a quelques semaines, de LOVE dans sa belle robe orange aurait-elle pu passer inaperçue – du moins aux yeux d’un père noël surchargé de travail…  Grave erreur cependant car, moyennant quelques euros de plus, ce CD peut être accompagné d’un DVD qui présente l’intérêt d’être porteur d’une spatialisation en 5.1 – attention: les deux versions (CD et CD+DVD) possédant des pochettes rigoureusement identiques (mêmes couleurs, mêmes graphismes et mêmes tailles), on peut facilement les confondre; elles ne se différencient en fait que par l’épaisseur du boîtier qui demeure, lui, au format traditionnel des CD et SACD (12,5 x 13,5 cm).  En outre, comme il s’agit d’un disque hybride «vidéo-audio», ce dernier contient, non seulement, des pistes Dolby Digital et dts (plus PCM stéréo) lisibles sur tous les lecteurs DVD du commerce, mais aussi en prime une version codée au format DVD-Audio, c.-à-d. en 24 bits / 96 kHz – quand on connaît le soin et la qualité apportés aux productions d’EMI, voilà qui devrait commencer à mériter notre attention.  Même si, pour bénéficier de la plus haute qualité audio, il vous faudra malgré tout disposer d’un lecteur multistandard, ne vous laissez néanmoins pas rebuter si celui-ci vous fait défaut (si vous n’en trouvez pas en solde en janvier, ce sera peut-être l’occasion d’investir dans un lecteur HD-DVD qui les décode d’office?) car, quoi qu’il en soit, la version en multicanal du DVD-vidéo contrebalance déjà largement les quelques euros supplémentaires réclamés pour ce coffret, même s’il ne contient d’autre image que la liste des morceaux, ni aucun bonus!

Pour la petite histoire, l’origine de cette réalisation remonte à 2003: concevoir une heure et demie de décor sonore fondé exclusivement sur des enregistrements originaux des Beatles, ceci à destination d’un spectacle audiovisuel du « Cirque du Soleil » - dirigé par Dominic Champagne et dont la première a eu lieu au Mirage de Las Vegas en juin dernier.  Pour ce faire, outre une équipe d’artistes et de concepteurs du Cirque du Soleil, il a été fait appel à leur vieux complice de toujours, George Martin (ainsi à présent qu’à son fils Giles), cela non seulement avec l’aval des intéressés (Paul McCartney et Ringo Star) ou de leurs ayant droits (Olivia et Yoko, pour les regrettés George Harrison et John Lennon), mais aussi avec leur étroite collaboration.  Le résultat se situe donc parfaitement à la hauteur des standards traditionnels du groupe!

La richesse sonore du contenu de la plupart des compositions des Beatles (dès 1965), de même que l’ouverture d’esprit indéniablement avant-gardiste de leurs membres (lecture accélérée, ralentie ou inversée d’instruments, recours à de multiples doublages des sources, utilisation de bruitages divers préfigurant les mises en boucles d’échantillons que nous connaissons aujourd’hui, etc.), nous conduisent assurément à penser que s’ils avaient connu le multicanal, ils n’auraient certes pas non plus manqué d’en faire usage. Tout comme d’ailleurs ils ont exploité à fond les possibilités novatrices offertes par les multipistes de l’époque – même s’ils n’ont finalement pas utilisé plus que huit pistes (et ceci seulement pour leurs deux derniers albums: « Let It Be » et « Abbey Road » dans l’ordre chronologique d’enregistrement).  En effet, il suffit d’écouter quelques uns de leurs morceaux pour constater que leur rampe stéréophonique était habituellement pour le moins « généreusement » fournie.  Et encore d’avantage aujourd’hui, la comparaison des deux versions CD (stéréo) et DVD (multicanal) devrait indubitablement permettre aux derniers sceptiques de s’en convaincre.  Ici, la répartition judicieuse des différents éléments compositionnels sur six canaux apporte encore une dimension supplémentaire à leur musique – et cela, même si forcément toutes les sources premières n’ont au départ même pas pu être enregistrées en multipiste (tel leur « I Want To Hold Your Hand » en 1963, dont on ne récupère qu’une version réverbérée en surround), ou encore lorsque l’arrangement demeure dépouillé comme initialement voulu (tel celui de « Yesterday » de 1965 qui a depuis fait l’objet d’un nombre incalculable d’adaptations et d’orchestrations) - l’inclusion de tels « classiques », à peine retouchés, relève évidemment de choix artistiques, appréciables certes à des niveaux divers: nous les laisserons donc à l’appréciation de chacun…

Cela dit, même en stéréo, le travail de remixage demeure en soi toujours intéressant et créatif.  Dommage cependant que les versions des années 60 ne soient pas jointes en bonus, cela nous aurait permis d’opérer une comparaison immédiate et d’apprécier ainsi encore mieux le labeur de recréation réalisé - mais rien ne vous empêche d’aller fouiller dans votre grenier…

Stéréo ou multicanal, malgré l’évolution considérable des technologies de prise de son entre 1963 et 1969 (dont le passage de deux à huit pistes), l’ensemble actuel forme néanmoins un tout cohérent dont la qualité sonore reste parfaitement bien homogène – on pourrait croire qu’il s’agit d’enregistrements actuels.  De plus, la trentaine de morceaux du disque s’enchaînent d’une manière quasi continue (comme c’était déjà le cas pour l’album « Sgt. Pepper’s ») et, à part quelques cordes de la plume de George Martin (également compositeur du quatuor originel dans « Yesterday ») qui se substituent totalement à l’orchestration originale de « While My Guitar Gently Weeps » (pour ne conserver que le chant et la guitare acoustique originels), aucun autre matériau supplémentaire n’a été rajouté aux enregistrements – il y avait bien assez de quoi faire.   On peut donc dire que tout est - pratiquement - d’origine, y compris divers petits commentaires de studio glanés çà et là auxquels s’ajoutent quelques lectures inversées, accélérées ou ralenties - cela bien dans l’esprit du groupe qui les pratiquait d’ailleurs déjà traditionnellement sur ses albums bien avant Sgt. Peppers! 

En revanche, le travail va ici bien plus loin que les remix courants.  Déjà, tous les titres ne sont pas forcément joués en entier, ni dans la suite habituelle de leurs couplets/refrains/solos; la chanson d’ouverture (« Because ») étant même tout simplement interprétée a capella avec quelques bruits de la nature.  Mais en prime, on retrouve tout au long du CD nombre de mesures extraites d’autres chansons utilisées, soit en guise de transition, soit en superposition avec un autre morceau.  Ainsi p. ex.: l’introduction de « Get Back » est constituée de la célèbre coda au piano de « A Day In The Life » (mais lue à l’envers), elle-même suivie du seul solo de batterie de Ringo (issu de « The End »), leur point de montage étant astucieusement masqué par l’accord d’ouverture de « A Hard Days Night ».  Ou bien encore: la basse et la batterie de « Tomorrow Never Knows » qui viennent se chevaucher avec la piste de chant de George Harrison dans « Within You Without You ») – un exercice pour le moins délicat réalisé de main de maître par Paul Hicks et Gilles Martin (sur Pro Tools)… 

Mais nous ne voulons pas vous gâcher votre plaisir de (ré)écoute et de (re)découverte car, vous l’aurez compris, c’est bien à un nouveau genre de best of, très substantiellement « amélioré », que nous avons affaire – nous serions tentés de dire: ce qu’il faudrait – sans doute absolument - retenir de nos quatre gaillards de Liverpool!

 

 

« LOVE » : assurément un excellent programme pour 2007!

 

 

Paul Snaps

Voir les commentaires

50e anniversaire pour « Forbidden Planet » (MGM)

31 Décembre 2006, 17:24pm

Publié par Paul Snaps

Sorti il y a un demi-siècle aux USA (mais injustement présenté à l’époque comme un produit plutôt à destination des adolescents), Forbidden Planet est en fait le tout premier grand film de science fiction (en cinémascope et couleur!) pour lequel une partition entièrement électronique fut composée, ceci par Louis et Bebe Baron. 
Différentes éditions commémorent cet « événement »...

Tout d’abord, signalons la sortie aux Etats-Unis d’un HD-DVD « collector » proposant une version restaurée du film.  Comme, contrairement au Blu-ray Disc, ce nouveau type de DVD « haute définition » n’est pas zoné, rien ne vous empêche donc de l’importer dès aujourd’hui des USA.  Le seul inconvénient est que, de ce côté de l’Atlantique, il n’y a actuellement aucun lecteur à ce format pourvu de l’ensemble des nouveaux décodeurs audio « HD » de Dolby et dts, ainsi que d’un port HDMI de type 1.3.  Ceci étant dû à un problème de puce qui a contraint Toshiba à reporter le lancement de son HD-XE1 au mois de février (au plus tôt), ce n’est donc pas un oubli si le père noël ne vous en a pas apporté, comme nous lui avions pourtant suggéré dans notre article paru dans le dernier numéro de notre revue...

A destination de ceux qui ne souhaitent pas forcément investir dans un tel lecteur (et qui sont aussi peut-être un peu moins impatients), une version sur double DVD traditionnel - et également un HD-DVD? - est annoncée en Europe pour ce printemps par Warner France, marquant ainsi à son tour le 50e anniversaire de l’arrivée du film sur le vieux continent.  Notez que, si seulement la version originale bénéficie d’un son 5.1 (la VF étant en mono), des sous-titres français sont bien entendu disponibles.  Quant à la spatialisation des voies, elle conserve le mixage d’origine conçu à l’époque afin de favoriser une écoute plutôt frontale - comme c’était d’ailleurs alors l’habitude, ceci à l’opposé des « Space Opéras » que nous connaissons aujourd’hui.  Néanmoins, ici ce respect du positionnement des sources - essentiellement à l’avant - ne nuit absolument pas à la partition électronique; bien au contraire: elle lui permet de conserver ainsi une clarté et une présence remarquables, comme cela avait d’ailleurs été originellement voulu!

Enfin, les plus passionnés d’entre vous seront heureux d’apprendre qu’un livre entièrement dédié à l’analyse musicale de cette partition est, lui, directement disponible chez Scarecrow Press : « Louis and Bebe Baron’s Forbidden Planet: A film Score Guide ».  Ecrit par James Wierzbicki, musicologue à l’université du Michigan et éditeur en chef responsable de l’édition d’une série de critiques auprès de la MUSA (un département de la société américaine de musicologie), cet ouvrage compte quelque deux cents pages abondamment illustrées à l’aide de nombreuses transcriptions et graphiques.  Ces derniers présentant en outre l’intérêt de pouvoir également servir de modèle en vue de l’étude d’autres pièces électroniques pour lesquelles on ne dispose pas de partition écrite, nous ne pouvons donc que vous en conseiller la lecture.

http://www.scarecrowpress.com/

Paul Snaps

Voir les commentaires