Elektrophonie - 6e festival Nuit Bleue des musiques électroacoustiques, acousmatiques et électroniques du 6 au 8 juillet 2007 à Arc et Senans, Doubs, France

Représentative de divers courants des musiques électroniques, la Nuit Bleue est un événement unique en son genre qui présente trente heures de musiques acousmatiques, électroacoustiques et électroniques dans un cadre architectural exceptionnel. A l’écart des courants plus commerciaux, ce festival propose un voyage à travers différents univers sonores aux esthétiques distinctes, mais qui tous privilégient la richesse et l’invention sonores.
Les invités d’honneur de cette édition seront le compositeur Pierre Henry - qui fête cette année ses 80 ans - et le plasticien Michel Verjux, qui mettra la Saline en valeur grâce à une installation lumineuse très élaborée.

Mais le point d’orgue de la Nuit Bleue sera bien entendu la Nuit Acousmatique, qui commencera le vendredi 6 juillet à 21 h pour se terminer le samedi 7 juillet à 7 h, avec un « bonus » le dimanche 8 juillet de 5 h 30 à 7 h. Confortablement allongé sur un transat ou sur un matelas au centre de l’acousmonium (orchestre de haut-parleurs pour la diffusion du son dans l’espace environnant) spécialement aménagé pour la circonstance, l’auditeur sera immergé au cœur d’un continuum sonore en trois dimensions pendant une nuit entière.
Cette année, la Nuit Acousmatique est programmée en collaboration avec l’Institutet för Digitale KonstArter (Suède) et la Biennale Internationale d’Istanbul (Turquie), d’où la programmation, orientée cette fois vers la France, la Suède et la Turquie ; le même concert sera donné à Istanbul et à Stockholm en septembre prochain.
Les musiques de la Nuit Acousmatique seront interprétées sur l’acousmonium par Sébastien Chatron, Jonathan Prager et Christophe Ruetsch. Vous pouvez télécharger ici la programmation détaillée de la Nuit Acousmatique, dans laquelle vous retrouverez des personnalités aux noms familiers telles que Patrick Ascione, Bertrand Dubedout, Christine Groult, Frédéric Kahn, Bérangère Maximin, Charlemagne Palestine et Federico Schumacher, aux côtés, entre autres, de compositeurs turcs et suédois à découvrir.
Dans cette programmation acousmatique , viendront s’intercaler deux sessions d'électronique en direct de Phonophani et Christophe Ruetsch (avec une création), ainsi que de Carl Michael von Hausswolff, du label allemand Raster-Norton.
A découvrir également, du samedi 7 juillet à 23 h au dimanche 8 juillet à 1 h du matin, les noctambules de l’Ensemble de Musique Interactive, composé d’étudiants et de professeurs de l’Ecole Nationale de Musique du Pays de Montbéliard placés sous la direction du compositeur Jacopo Baboni Schilingi, un ensemble qui se consacre entièrement au répertoire extrême contemporain. Dans cette optique, l’Ensemble collabore étroitement avec de jeunes compositeurs, qui trouvent en lui un laboratoire idéal pour expérimenter leurs créations les plus audacieuses. Pour cette Nuit Bleue, les musiciens interpréteront des pièces mixtes, dans lesquelles les instruments « traditionnels » interagissent avec la avec l’ordinateur et les instruments dits « virtuels ».
Au programme : Chaman de F. Patard pour harpe et ordinateur en temps réel ; Sprachlag de H. Tutschku pour percussions et ordinateur en temps réel ; Loop de L. Bianchi pour harpe et ordinateur en temps réel ; Spatio intermisso de J. Baboni Schilingi pour hautbois et ordinateur en temps réel ; Shore de H. Tutschku pour hautbois et ordinateur en temps réel ; Decode-II de J. Baboni Schilingi pour percussions et ordinateur en temps réel ; et enfin, Insana nocte de J. Baboni Schilingi pour harpe et ordinateur en temps réel.
Mais un festival dédié à l’électroacoustique ne serait pas complet sans un peu d’art radiophonique. Ce sera chose faite le samedi 7 juillet de minuit à 7 h du matin et le dimanche 8 juillet de 3 h à 7 h du matin, avec des rediffusions d’extraits choisis du célèbre « Atelier de Création Radiophonique », diffusé sur France Culture - actuellement le dimanche de 20 h 30 à 21 h 45 - depuis 1969, date de la création de cette émission expérimentale par Alain Trutat sous l’impulsion de Pierre Schaeffer et de Jean Tardieu. Les pièces proposées ici, presque toutes issues de la sphère électroacoustique, seront soit des Ateliers rediffusés dans leur intégralité, soit des Hörspiele.
Téléchargez via le lien ci-après le programme détaillé de ces Ateliers Radiophoniques.
Ceux d’entre vous qui ressentiraient un besoin impérieux de prendre l’air entre deux séances d’écoute n’ont pas été oubliés ! A leur intention, Pascal Rueff a réalisé la bande sonore d’une déambulation dans les jardins de la Saline. Muni d’un baladeur miniature, d’une paire d’écouteurs et d’une lampe de poche, le festivalier découvrira le lieu dans une ambiance sonore inattendue : rythmique de train, insectes, brins de conversation sans contexte... Les jardins deviendront alors la toile de fond d’un rêve éveillé.
Cette installation sonore intitulée Déambulation binaurale parce qu’elle immergera totalement l’auditeur dans une ambiance sonore en 3 D, sera accessible dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 juillet de 21 h à 7 h, ainsi que dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 juillet de 22 h 30 à 7 h. Et voici que s’opère la réconciliation de la haute technologie, du bucolisme et d’un certain romantisme …
Si votre tasse de thé, c’est l’image plutôt que le son -, vous trouverez également de quoi vous occuper :
Tout d’abord, ne manquez pas de prendre le temps d’admirer l’installation lumineuse - dans les deux sens du terme -, intitulée Synoptique, de Michel Verjux, second invité d’honneur de ce festival, qui mettra en valeur de façon singulière le site de la Saline Royale. L’installation sera inaugurée lors du concert en extérieur de Pierre Henry, le samedi 7 juillet à 21 h, et sera visible tout l’été durant, jusqu’au lundi 20 août 2007.
Côté cinéma, un hommage sera rendu à un pionnier de l’électroacoustique - Pierre Henry en l’occurrence, cofondateur de la musique concrète avec Pierre Schaeffer, ainsi qu’à l’un de ses jeunes représentants, l’Italien Jacopo Baboni Schilingi.
Le film Pierre Henry ou l’art des sons d’Eric Darmon et Franck Mallet, qui sera projeté le dimanche 8 juillet à 2 h du matin dans la Salle Migeon, dévoile, à partir de documents d’archive, d’inédits et de reportages sur le vif, l’étonnante conception qu’a du geste sonore le grand compositeur. Ce film offre également un panorama des principales œuvres qui ont jalonné sa carrière : Symphonie pour un homme seul (1950), sur laquelle Maurice Béjart créa un ballet en 1961 - les deux artistes entamaient ainsi une collaboration qui donnera lieu à la création d’une quinzaine de ballets -, Messe pour le temps présent (créée à Avignon en 1967), Voyage initiatique dans le cadre de Pierre Henry chez lui 3, … L’occasion idéale de redécouvrir un compositeur original, à la charnière des deux siècles, très apprécié du grand public, qui reste néanmoins méconnu par rapport à l’ampleur de son œuvre - les événements programmés autour de Pierre Henry lors de cette Nuit Bleue contribueront certainement à modifier cet état de fait.

Jacopo Baboni Schillingi est né à Milan (Italie) en 1971. Il suit dans cette ville la Classe de composition d’Ivan Fedele et obtient le Prix en 1994. A Milan toujours, il se spécialise en composition contemporaine. Il participe ensuite au Cursus de composition et d’informatique de l’IRCAM, après quoi il se perfectionne avec Brian Ferneyhough et Klaus Huber. Il prépare actuellement un Doctorat en Musicologie sous la direction de Danielle Cohen Levinas. Il a participé à de nombreux festivals internationaux et sa musique a été jouée par des ensembles prestigieux tels que l’Ensemble Intercontemporain ou le Quatuor Arditi.Il s’intéresse à l’électroacoustique et à l’informatique musicale depuis 1990 ; c’est d’ailleurs à lui qu’on doit la théorie de la Composition par Modèles Interactifs, qui a abouti à la création des logiciels Profile et Morphologie, officiellement diffusés comme logiciels IRCAM. Depuis 1999, il est titulaire de la Classe de composition de l’ENM de Montbéliard.
Avant la projection du film, le compositeur présentera au public l’essai qu’il vient de publier, intitulé La musique hyper-systémique.
Le vendredi 6 juillet de 21 h à minuit, dans la Salle Migeon toujours, vous aurez l’occasion de (re)découvrir des trésors cinématographiques qui sortent hélas trop rarement des archives, à savoir une sélection des films du Service de la Recherche de l’ORTF, vénérable ancêtre de Radio France et de France Télévision.
Pierre Schaeffer est nommé en 1960 à la tête du Service de la Recherche de l’ORTF, laboratoire audiovisuel expérimental chargé de produire des films destinés à être diffusé sur les deux (!) chaînes de télévision. Ainsi, entre 1960 et 1975, ce sont plus de 700 films qui seront réalisés, dont 114 qui bénéficieront directement d’une bande sonore électroacoustique.
Au programme de cette séance de projection commémorative : L’Ange de Patrick Bokanowski (1982), musique : Michèle Bokanowski ; Symphonie mécanique de Jean Mitry (1955), musique : Pierre Boulez ; Lignes et Points de Piotr Kamler (1963), musique : François Bayle ; Trois Portraits d’un oiseau qui n’existe pas de Robert Lapoujade (1963), musique : François Bayle ; Egypte ô Egypte, n° III de Jacques Brissot (1962 - sous réserve), musique : Luc Ferrari, montage des textes : Pierre Schaeffer ; Les Shadoks de Jacques Rouxel, musique : Robert Cohen Solal (il s'agit d'une compilation des clips diffusés à la télévision entre 1968 et 1973) ; et enfin, La Jetée de Chris Marker (1962), musique : Trevor Duncan.
Enfin, Elektrophonie propose, le samedi 7 juillet de 17 h à 19 h 30 dans la Salle Migeon, une rencontre publique intitulée Diffusion des musiques de création : vers l’implosion des frontières ? En effet, sur le site Internet du GRM (Groupe de Recherches Musicales), on peut trouver l’inventaire suivant : Musique concrète, électronique, expérimentale, électroacoustique, acousmatique, …, inventaire qui ne contient pas les catégories suivantes : electronica, noise, abstract, click & cut, … Constatant les difficultés de faire se rencontrer les musiques électroniques « historiques » et « contemporaines », « savantes » et « populaires », les organisateurs de la Nuit Bleue ont décidé d’ouvrir le nécessaire débat de la transversalité des genres.
Intervenants : Jacopo Baboni-Schilingi, Christine Groult, David Jisse, Anne Maontaron, Benjamin Morando, Philippe Romanoni, Fernand Vandenbogaerde, Jean-Marc Weber et Christian Zanési.
Dernier petit conseil : prévoyez un matelas, un sac de couchage et des vêtements chauds !
Et pour ceux qui préfèreraient profiter de l’alléchant programme musical de la Nuit Bleue sans quitter leurs charentaises, sachez que les concerts seront retransmis en direct et via le Net sur le site Internet d'Elektrophonie, ainsi que sur Radio WNE… que demande le Peuple ?

Tarifs :
Vendredi 6 juillet : 14 € - 9 €
Samedi 7 juillet (concert de Pierre Henry inclus) : 18 € - 13 €
Concert de Pierre Henry seul : 13 € - 8 €
Pass « Nuit Bleue » pour les deux nuits : 24 € - 19 €
Tarif réduit accordé aux étudiants, chômeurs et bénéficiaires du RMI.

Réservations :
Sur www.nuit-bleue.com
Au Forum :
15, rue Grande
F-25000 Besançon
France
Tél. : [00 33] (0) 381 81 86 06
Accéder à la Saline Royale d’Arc et Senans : par train, la gare d’Arc et Senans est à 3 min à pied de la Saline ; par la route, Arc et Senans est à 35 km de Besançon, 85 km de Dijon, 130 km de Lausanne, 140 km de Genève, 200 km de Bâle, 200 km de Lyon, 280 km de Strasbourg, et 290 km de Nancy.
Office de tourisme - Saline Royale
F-25610 Arc et Senans
France (25)
Tél. : [00 33] (0) 381 57 43 21 – Fax : [00 33] (0) 381 57 43 51
Courriel : info@ot-arcetsenans.fr
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