D'après une étude américaine, l'oreille absolue aurait une origine génétique
Les utilisateurs de ce site Internet sont bien placés pour le savoir, les musiciens et les chanteurs doivent s’exercer des années durant pour développer leur perception de la hauteur des notes, mais peu d’entre eux sont capables de nommer une hauteur de note qu’on leur donne à entendre sans l’aide d’une note de référence. En effet, seule une personne sur 10.000 possède cette faculté très convoitée, qu’on appelle l’oreille absolue.
Or, lundi, des scientifiques américains déclaraient avoir découvert que la faculté de pouvoir nommer des hauteurs de notes dans l’absolu pourrait bien avoir une origine génétique.
L’étude réalisée à ce sujet par le Dr. Jane Gitschier, de l’université de Californie à San-Franciso, vient d’être mise en ligne sur le site de la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.
Son équipe vient de terminr l’analyse des données collectées au cours d’une étude de trois ans (de 2002 à 2005) réalisée via Internet, dans laquelle il était demandé aux participants d’identifier des hauteurs de notes sans l’aide d’une note de référence. Plus de 2.200 personnes ont pris part à un test en ligne d’une vingtaine de minutes.
Les chercheurs ont découvert que la faculté de nommer une hauteur de note était de l’ordre du « tout ou rien » - on on possède cette faculté, ou on ne l’a pas. L’équipe en a conclu qu’un seul gène, ou peut-être quelques-uns, déterminaient ce phénomène.
Selon le Dr. Gitschier, les personnes dotées de l’oreille absolue ont été aussi bien capables d’identifier des hauteurs de notes jouées sur un piano, que des sons purs (sinusoïdes) générés par un ordinateur, et qui ne possédaient donc aucune des qualités timbrales associées aux instruments de musique. Les détenteurs de l’oreille absolue était en effet en mesure d’identifier les sons purs sans aucune difficulté. Par ailleurs, ils ont en général reçu une éducation musicale très précoce - avant l’âge de 7 ans. Le Dr. Gitschier en conclu que les deux facteurs - génétique et acquis - jouent probablement un rôle dans le développement de l’oreille absolue.
Les chercheurs ont également découvert que l’oreille absolue avait tendance à se dégrader avec le vieillissement, avec un décalage de la perception vers l’aigu. Ainsi, une personne qui, à l’âge de 15 ans, nommait correctement un do, identifiera à 50 ans cette même hauteur de note comme un do dièse. Ce glissement de leur perception déconcerte d’ailleurs ceux qui en font l’objet.
Toujours selon cette étude, la hauteur de note la plus mal identifiée est le sol dièse, qui n’est correctement reconnu par les détenteurs de l’oreille absolue que dans 52 % des cas ! Ce curieux phénomène pourrait être du à la prévalence du « la », que l’on a en permanence dans l’oreille - tous les orchestres occidentaux s’accordant sur le « la », qui est également la hauteur de note que l’on entend quand on décroche son téléphone fixe. Les gens auraient naturellement tendance à percevoir un « la » quand ils entendent un sol dièse, d’autant plus que le spectre couvert par le « la » est très large : il va de 415 Hz pour la musique ancienne à 446 Hz, note sur laquelle s’accordent actuellement les musiciens de l’orchestre philharmonique de Berlin. Or, dans la gamme tempérée que l’on trouve sur tous les claviers modernes, 415 Hz est justement la fréquence du sol dièse - qui était en fait le « la » à l’époque de J.-S. Bach ! Pas étonnant donc que même des musiciens cultivés et possédant l’oreille absolue aient tendance à assimiler ce fameux sol dièse au « la ».
L’objectif du Dr. Gitschier et de son équipe est maintenant d’identifier le gène de l’oreille absolue, ce qui implique un travail de cartographie génétique. Les chercheurs vont tenter de découvrir en quoi consiste, an niveau génétique, la différence entre les gènes des personnes possédant l’oreille absolue de celles qui ne l’ont pas.
La thèse du Dr. Gitschier risque de soulever une controverse. En effet, le fait que seuls des enfants mis très tôt en contact avec la musique développent l’oreille absolue laisserait à penser que le phénomène relève, au moins en partie, de l’acquis, ce qui vient contredire la thèse du phénomène d’origine purement génétique.
Le phénomène pourrait être du même ordre que l’apprentissage de la langue maternelle, que la plupart d’entre nous ont acquise sans se souvenir d’avoir fourni le moindre effort pour cela - et pourtant, il nous a fallu de deux à trois ans pour en maîtriser les rudiments !
Dans le cas de l’oreille absolue, cette faculté ne se développerait pas chez tous les individus, même génétiquement prédisposés, parce que la plupart d’entre nous n’ont pas été en permanence en contact avec la musique dans notre enfance - nous serions face à l’oreille absolue dans la même position que les « enfants loups » face au langage articulé : ces enfants abandonnés par leurs parents, qui ont ensuite été « adopté » par des loups ou d’autres animaux, ne seront jamais en mesure de parler parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion de développer assez tôt les circuits neuronaux correspondant au langage, même s’ils les possédaient à la naissance.
N’en irait-il pas de même pour l’oreille absolue ? C’est la question à laquelle le Dr. Gitschier tentera d'apporter une réponse dans le futur.
Cliquez sur le lien suivant pour télécharger l’article en anglais du Dr. Gitschier au format PDF.
Or, lundi, des scientifiques américains déclaraient avoir découvert que la faculté de pouvoir nommer des hauteurs de notes dans l’absolu pourrait bien avoir une origine génétique.
L’étude réalisée à ce sujet par le Dr. Jane Gitschier, de l’université de Californie à San-Franciso, vient d’être mise en ligne sur le site de la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.
Son équipe vient de terminr l’analyse des données collectées au cours d’une étude de trois ans (de 2002 à 2005) réalisée via Internet, dans laquelle il était demandé aux participants d’identifier des hauteurs de notes sans l’aide d’une note de référence. Plus de 2.200 personnes ont pris part à un test en ligne d’une vingtaine de minutes.
Les chercheurs ont découvert que la faculté de nommer une hauteur de note était de l’ordre du « tout ou rien » - on on possède cette faculté, ou on ne l’a pas. L’équipe en a conclu qu’un seul gène, ou peut-être quelques-uns, déterminaient ce phénomène.
Selon le Dr. Gitschier, les personnes dotées de l’oreille absolue ont été aussi bien capables d’identifier des hauteurs de notes jouées sur un piano, que des sons purs (sinusoïdes) générés par un ordinateur, et qui ne possédaient donc aucune des qualités timbrales associées aux instruments de musique. Les détenteurs de l’oreille absolue était en effet en mesure d’identifier les sons purs sans aucune difficulté. Par ailleurs, ils ont en général reçu une éducation musicale très précoce - avant l’âge de 7 ans. Le Dr. Gitschier en conclu que les deux facteurs - génétique et acquis - jouent probablement un rôle dans le développement de l’oreille absolue.
Les chercheurs ont également découvert que l’oreille absolue avait tendance à se dégrader avec le vieillissement, avec un décalage de la perception vers l’aigu. Ainsi, une personne qui, à l’âge de 15 ans, nommait correctement un do, identifiera à 50 ans cette même hauteur de note comme un do dièse. Ce glissement de leur perception déconcerte d’ailleurs ceux qui en font l’objet.
Toujours selon cette étude, la hauteur de note la plus mal identifiée est le sol dièse, qui n’est correctement reconnu par les détenteurs de l’oreille absolue que dans 52 % des cas ! Ce curieux phénomène pourrait être du à la prévalence du « la », que l’on a en permanence dans l’oreille - tous les orchestres occidentaux s’accordant sur le « la », qui est également la hauteur de note que l’on entend quand on décroche son téléphone fixe. Les gens auraient naturellement tendance à percevoir un « la » quand ils entendent un sol dièse, d’autant plus que le spectre couvert par le « la » est très large : il va de 415 Hz pour la musique ancienne à 446 Hz, note sur laquelle s’accordent actuellement les musiciens de l’orchestre philharmonique de Berlin. Or, dans la gamme tempérée que l’on trouve sur tous les claviers modernes, 415 Hz est justement la fréquence du sol dièse - qui était en fait le « la » à l’époque de J.-S. Bach ! Pas étonnant donc que même des musiciens cultivés et possédant l’oreille absolue aient tendance à assimiler ce fameux sol dièse au « la ».
L’objectif du Dr. Gitschier et de son équipe est maintenant d’identifier le gène de l’oreille absolue, ce qui implique un travail de cartographie génétique. Les chercheurs vont tenter de découvrir en quoi consiste, an niveau génétique, la différence entre les gènes des personnes possédant l’oreille absolue de celles qui ne l’ont pas.
La thèse du Dr. Gitschier risque de soulever une controverse. En effet, le fait que seuls des enfants mis très tôt en contact avec la musique développent l’oreille absolue laisserait à penser que le phénomène relève, au moins en partie, de l’acquis, ce qui vient contredire la thèse du phénomène d’origine purement génétique.
Le phénomène pourrait être du même ordre que l’apprentissage de la langue maternelle, que la plupart d’entre nous ont acquise sans se souvenir d’avoir fourni le moindre effort pour cela - et pourtant, il nous a fallu de deux à trois ans pour en maîtriser les rudiments !
Dans le cas de l’oreille absolue, cette faculté ne se développerait pas chez tous les individus, même génétiquement prédisposés, parce que la plupart d’entre nous n’ont pas été en permanence en contact avec la musique dans notre enfance - nous serions face à l’oreille absolue dans la même position que les « enfants loups » face au langage articulé : ces enfants abandonnés par leurs parents, qui ont ensuite été « adopté » par des loups ou d’autres animaux, ne seront jamais en mesure de parler parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion de développer assez tôt les circuits neuronaux correspondant au langage, même s’ils les possédaient à la naissance.
N’en irait-il pas de même pour l’oreille absolue ? C’est la question à laquelle le Dr. Gitschier tentera d'apporter une réponse dans le futur.
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