Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Cahiers de l'ACME

in memoriam...

Des chercheurs américains font entendre un enregistrement sonore du Français Scott de Martinville datant de 1860

31 Mars 2008, 15:54pm

Publié par Vinciane Baudoux

Vous pensiez que le tout premier enregistrement sonore avait été réalisé en 1877 par Thomas Edison ? Eh bien non : l’inventeur du phonographe devra désormais laisser la place sur la première marche du podium des pionniers de l’enregistrement sonore à celui du « phonautographe ». En effet, Edouard-Léon Scott de Martinville, un typographe français, enregistra 10 secondes d’une voix de femme chantant « Au clair de la lune » dès 1860, soit 17 ans avant l’invention du phonographe par Edison.

Problème : si le Français a certes inventé l’enregistrement sonore (son « phonautographe » transcrivait les vibrations sonores au moyen d’un stylet sur du papier préalablement noirci à la fumée d’une lampe à huile), il n’avait pas abordé la question de la reproduction sonore, dont la paternité revient bien à Edison.
Mais tout vient à point à qui sait attendre et 149 ans à peine après la « prise de son », les chercheurs américains du Lawrence Berkeley National Laboratory (LBNL) ont réussi à reconstituer les sons à partir d’images numériques de l’enregistrement de Scott de Martinville.

C’est en février de cette année que les « archéologues sonores » de l’association américaine First Sounds, qui traque les plus vieux enregistrements sonores existants dans le monde entier, ont fourni aux chercheurs du LBNL une douzaine de « phonautogrammes » de Scott de Martinville, retrouvés à l’Académie des sciences et à l’Institut de France, à Paris.

David Giovanni tenant un phonautogramme (c) Isabelle TrocherisDavid Giovannoni, l’historien américain des technologies audio qui a initié les travaux de recherches du LBNL, présentera les résultats de ces travaux et diffusera l’enregistrement en public ce vendredi 4 avril 2008 lors de la conférence annuelle de l’Association for Recorded Sound Collections (ARSC), qui aura lieu à la Stanford University, à Palo Alto, en  Californie (USA).

Mais pas besoin de courir réserver votre billet d’avion pour les States : vous pouvez écouter cet enregistrement historique ici ! Comme vous l'entendrez, les technologies audio ont heureusement fait des progrès depuis...

Voir les commentaires

Karlheinz Stockhausen : disparition d’un pionnier de la musique électroacoustique

7 Décembre 2007, 23:32pm

Publié par Vinciane Baudoux

Kralheinz Stockhausen (c) APLe compositeur allemand Karlheinz Stockhausen, pionnier des musiques électronique, électroacoustique et mixte, est décédé le mercredi 5 décembre à l'âge de 79 ans dans la petite bourgade de Kürten (Allemagne), où il résidait, a-t-on appris ce vendredi 7 novembre 2007 par l'Académie des Arts de Berlin, qui vient confirmer l’annonce faite un peu plus tôt par la télévision publique allemande ZDF.

Karlheinz Stockhausen était né le 22 août 1928 à Mödrath, près de Cologne (Allemagne). Il avait perdu ses parents de façon tragique durant la seconde guerre mondiale.

Il était l’un des compositeurs contemporains les plus connus, au même titre que les Français Olivier Messiaen - dont il fut l’élève - et Pierre Boulez - qui était son ami -, ou encore le Hongrois György Ligeti (voir notre article), qui collabora brièvement avec lui au studio de Cologne.
Il laisse derrière lui une oeuvre immense, écrite sur une période de plus de 50 ans.

Stockhausen a commencé à composer dans les années 1950 et est devenu célèbre dans les années 1960 et 1970, notamment avec son « Gesang der Junglinge » (« Chant des adolescents »), écrit entre 1955 et 1956, ou encore avec son « Klavierstücke », une pièce pour piano composée selon les principes de la musique aléatoire. Sur une feuille, 19 cellules musicales sont placées de façon irrégulière ; l’interprète choisi au hasard celle par laquelle il commence l’exécution de la pièce, et ainsi de suite, selon des indications précises de tempo, de nuance et d’attaque. De cette façon, la pièce sera jouée d’une infinité de manières et tous les sons seront exploités, d’où son intitulé au pluriel et non au singulier (littéralement, « Klavierstücke » signifie « pièces pour piano »).
Ce principe de variété dans la répétition de cellules musicales fut entre autres repris - dans un tout autre style musical - par le compositeur « minimaliste » américain Terry Riley (né en 1935) dans sa pièce « In C ».

Stockhausen laisse derrière lui, outre quelque 280 compositions, dont plus de 140  - la moitié - sont des œuvres électroniques et électroacoustiques, de nombreux essais consacrés à la musique.

Stockhausen dans le studio de musique électronique de la WDRCe qui caractérise cette œuvre, outre son gigantisme, c’est d’une part l’utilisation de l’électronique  - rappelons qu’à partir de 1953, Stockhausen a participé aux créations du studio expérimental de musique électronique de la radio allemande WDR (Westdeutscher Rundfunk) à Cologne (fondé en 1951 par Herbert Eimert), studio pour lequel il joua le même rôle pionnier qu’un Pierre Schaeffer ou qu’un Pierre Henry au GRM (Groupe de Recherches Musicales) à Paris -, et de l’autre, le caractère monumental de certaines pièces, dont l’exécution peut nécessiter plusieurs orchestres (« Gruppen », 1955), ou durer très longtemps ; ainsi, l’exécution de son cycle « Licht » se déroule-t-elle sur les sept jours de la semaine.

Kontakte - extrait de la partition
Karlheinz Stockhausen fut l’un des premiers compositeurs de musique électroacoustique à se préoccuper de la spatialisation. Dans sa pièce « Kontakte » (à gauche, un extrait de la partition ) pour piano, percussion et bande, il a placé un haut-parleur au centre d’une grande table ronde qui exécutait six révolutions complètes par seconde. Il a enregistré ces sons en rotation et les a diffusés via un magnétophone multipiste et quatre haut-parleurs disposés autour du public. Cela peut paraître rudimentaire à côté de nos acousmoniums modernes, mais rappelons que ceci se passait en 1958 et qu’il s’agit-là de la toute première spatialisation sonore d’une pièce mixte !

Dans un tout autre ordre d'idées, Stockhausen avait eu l’honneur de figurer sur la pochette mythique du non moins mythique « Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band », sur laquelle les Beatles avaient voulu représenter toutes les personnalités qui les avaient influencés.
Pochette de Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles
Karlheinz Stockhausen a été marié deux fois et a eu six enfants.

Cliquez sur le lien suivant pour lire l'interview d'Antonio Pérez Abellan, le claviériste de Karlheinz Stockhausen, par Fabrizio Rota, parue dans le n° 223 des Cahiers de l'ACME (juillet 2005).

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>